Un an déjà !

Une année entière est passée, pourtant je te sens toujours là, avec moi, tout près de moi,  m'aidant  à  supporter  la  très dure épreuve de ton éloignement physique, ton regard bleu et tendre, le timbre de ta voix, ton mot préféré « chérie » ton « bonjour mon coeur » tes coups d'énervement. .. qu'un regard sincère et affectueux calmait. . . Henry, mon compagnon sur le chemin de la vie. Henry, qui pour moi fut l'époux attentionné, le maître à la fois intransigeant et tendre, exigeant aussi bien envers lui-même qu'envers les autres, notamment les personnes qu'il affectionnait. Avec moi, il était à la fois vivifiant et admiratif.
L'enseignement qui faisait partie de sa nature, était exprimé toujours avec des mots simples et un style accessible à tout à chacun ... mais aussi, avec une pointe d'humour fin, très fin.
Chaque parole, chaque mot qu'il prononça devait être pris au second voire au troisième degré. Son humour ne fut jamais sarcastique, mais vrai . . . des vérités exprimées avec un sourire qui semblait « sarcastique » pour  certains, mais ne l'était point ... Henry, connu  sous l'appellation de « Maître Plée» était simplement doté d'un charisme et d'une prestance que seul un « homme remarquable » pouvait avoir. Et je n'exprime pas là uniquement une pensée personnelle, mais également celle de nombre de personnes qui l'ont connu. Ses conseils étaient donnés « sans élastique » et offerts sans exigence de retour et sans prétention. Certes, il appréciait une reconnaissance, mais seulement pour constater le niveau de son disciple et le degré de son évolution. Il savait écouter et savait répondre à l'essentiel... uniquement l'essentiel. . . Maintes personnes avaient dit : « Henry m'a sauvé ... ». Tous ceux qui ont connu ou plutôt abordé « Maître Plée » l'ont soit adoré, soit haï. Il n'a jamais laissé une personne indifférente. Les  personnes qui l'ont fui étaient celles qui ne voulaient pas être mises face à leurs vérités...En conséquence, « Maître Plée » les laissait tranquilles et ne les « dérangeait pas dans leur sommeil ». Je ne l'ai jamais vu agir par vengeance. Devant une peine, et Dieu seul sait ô combien il en avait eues, ou devant un mauvais agissement, il disait si bien et en toute sincérité : « Tout ce que je demande c'est ma paix intérieure. Et pour y arriver, je me recroqueville et je rentre dans ma coquille... ».
« Maître Plée » fut aussi écrivain talentueux au style qui coule de source, avec une sincérité et un humour qui rendaient son texte attachant. Maintes parmi ses connaissances, disciples soient-elles ou pas, attendaient avec impatience la sortie de la revue « Karaté Bushido » pour lire la chronique mensuelle d'Henry Plée.
En dépit de ses occupations diverses, Henry répondait à tout courrier qu'il recevait ; sa seule exigence était d'y joindre une enveloppe  timbrée avec l'adresse de l'expéditeur et ce, afin de lui épargner une perte de temps et des « heures précieuses de sa vie » tel qu'il le disait.
Dans la vie, la devise qu'il cherchait à appliquer dans son enseignement était : « Ne pas mentir ». Il essayait de ne pas mentir car, selon lui, en mentant aux autres, nous mentons à nous-mêmes ; et cela ne peut que nous éloigner de la vérité, de la pureté et de la sérénité. Pour lui, tout mensonge finit par être dévoilé.
« Maître Plée » fut aussi l'homme d'affaires brillant, qui bâtit son patrimoine en commençant sa montée sur l'échelle de la gloire, à partir des toutes premières marches. Titulaire de la légion d'honneur de l'ordre du mérite, il était également un pionnier dans les arts martiaux, notamment le Karaté, et une des cent premières ceintures noires de Judo ; sans compter les autres  disciplines  dans  lesquelles  il  était  au  moins ceinture  noire 1er Dan et connu dans le monde entier. Partout où je l'avais accompagné, aussi bien au Royaume Uni, en Chine (Pékin), au Japon (Tokyo et Kyoto), en Guadeloupe,  à  Singapour,  à  Tahiti,  aux  États-Unis  (Los  Angeles, la Floride), qu'au Moyen Orient (Syrie et Liban) et au Maroc (Casablanca), il recevait les honneurs des maîtres d'arts martiaux authentiques dans ces pays, ainsi que l'accueil de personnalités éminentes.
Dans ces pays-là, tous les disciples, en admiration béate devant lui, souhaitaient l'approcher, le voir, l'écouter, lui parler.
Personnellement, il m'a appris énormément sur les choses de la vie.
Enfin, Henry était de croyance soufie. Une de ses dernières paroles significatives se trouve dans le SMS suivant, écrit pendant qu'il était alité, et pendant que j'étais en mission au palais de justice de Paris, en dépit de toutes les difficultés qu'il avait rencontrées pour appuyer sur les touches du clavier de son téléphone portable : « Je n'ai pas eu le courage d'aller jusqu'au bureau ... C'est sympa aussi la procrastination . . . Pour pouvoir comparer, il faut faire. . . Alors j'en suis à ne rien faire . .. Premier stade du RIEN ... Tendresses à l'amour de ma vie. . . »
Ces mots furent rédigés l'avant-veille de son départ, à 11 h 10.
« L'amour de ma vie », il le fut et le restera.

Karaté Bushido - Septembre 2015

L'année passée, Maître Henry Plée, pionnier du Karaté français et auteur des célèbres Chroniques, nous quittait. À Karaté Bushido, nous ne l'avons pas oublié. Pour lui rendre hommage, nous laissons la parole à celle qui fut son épouse, Léa, et qui l'a accompagné jusqu'aux derniers instants.